Le fanfaron

Dimanche 23 avril. Pas encore élu, juste qualifié. Pourtant, Emmanuel avait quelque chose à fêter: la qualification du Front National au second tour de l’élection présidentielle, pour la deuxième fois dans l’histoire de la cinquième République. La conséquence inévitable de cinq années de gouvernement socialiste. Ce fut le cas avec Jospin, et maintenant avec Hollande. L’histoire se répète, inlassablement. Seuls les acteurs changent.

A l’annonce d’un tel résultat, un candidat respectueux de la France et de lui-même aurait fait preuve d’un minimum de retenue. Mais pas Emmanuel, qui a choisi de dîner à la Rotonde. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. François Hollande y avait déjà célébré sa victoire à la primaire socialiste. On le voit bien, Macron incarne le renouveau.

A l’origine, la Rotonde était un bistrot ouvrier. Pourtant, ce ne sont pas les ouvrières bretonnes que l’ancien ministre avait qualifiées d’illettrées que l’on pouvait croiser, mais le gratin, l’élite, tout ce que la France compte de grands penseurs et de bien-pensants. Macron, objet de toutes les critiques durant la campagne, fait désormais l’objet de toutes les attentions de ces lèches-bottes professionnels, de gauche à droite, qui perdent leurs âmes pour un plat de lentilles. Et tous ces terroristes de la pensée, de dire que si l’on ne vote pas Macron, on fait le jeu du FN. La chasse aux sorcières est donc lancée. Il est vrai, la menace gronde. La démocratie est en danger. Et c’est bien ce sentiment de peur qui était palpable, ce soir-là, à la Rotonde, sur toutes ces têtes qui festoyaient et se félicitaient.

La France n’a jamais été aussi divisée, clivée. Mais ils ne voyaient rien, et ils continuaient de danser en haut du volcan. Brigitte, se croyant à la Coupole, cherchait désespérément de jeunes éphèbes ayant commandé un lait fraise. Emmanuel, quant à lui, était aussi euphorique que la Bourse qui a salué la performance de l’ancien banquier. L’éruption est pourtant proche. Et si elle n’a pas lieu dimanche prochain, elle aura lieu dans cinq ans. Mais bon, on ne va tout de même pas en faire un plat.

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