François Bayrou, le cavalier sans tête
Le 22 février, François Bayrou a annoncé
vouloir poursuivre la route qui mène à l’Elysée (pour la quatrième fois
consécutive), non pas en solitaire mais en marchant dans les pas de Macron. Il
faut dire qu’Emmanuel a toujours su séduire les professeurs de lettres.
Tout compte fait, le mariage peut
encore réunir deux personnes de bords différents. Un ex-ministre de gauche avec
un ex-ministre de droite. Un financier iconoclaste représentant du microcosme
parisien avec un homme de traditions attaché à ses racines rurales. Un mariage
de raison, donc. Même si François, lui, a déjà fait son coming out. C’était en
2012, en votant Hollande.
Bayrou, nostalgique du temps où
il pouvait « créer la surprise », pense que Macron peut réussir là où
lui-même a échoué, c’est-à-dire en appliquant une stratégie de prise de pouvoir
par le centre. L’ancien bègue du Béarn n’a pourtant jamais eu la langue dans sa
poche au sujet de Macron, critiquant la loi qui porte son nom ou bien fustigeant
son projet de société qui n’est « pas le sien ». Bayrou a toujours considéré Macron comme l’homme
des « médias et des puissances de l’argent », ce qui fût confirmé
d’ailleurs par la hausse des marchés financiers au moment de l’annonce de son
ralliement à l’ancien banquier. Ce qui est assez piquant. Mais le ridicule ne
tue pas, il paraît. Ainsi, après avoir soutenu le cheval de retour Juppé (contre
Sarkozy), Bayrou s’est rabattu sur le poulain Macron (contre Fillon). De
faiseur de roi en 2007, il endosse dix ans plus tard le costume du bouffon.
L’histoire, comme une idiote, mécaniquement
se répète, écrivait Paul Morand. Bayrou s’était récemment prononcé, en étrillant
Macron, pour la séparation de l’Etat et de l’argent. Prêt à tous les
renoncements pour arriver à ses fins, on retrouve dans les actes du biographe à
succès d’Henri IV l’admiration portée à son modèle. L’ancien roi changea en
effet plusieurs fois de religion avant d’accéder au trône : abjurant une
nouvelle fois le protestantisme, pour se convertir de nouveau au catholicisme.
Après tout, Paris vaut bien une messe.
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